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Le blog des jeunes communistes du Bas-Rhin

Tentative de coup d’État en Turquie : Erdogan se rapproche de son rêve autocratique

 Tentative de coup d’État en Turquie : Erdogan se rapproche de son rêve autocratique

En Turquie, dans la nuit du 15 au 16 juillet, a eu lieu une tentative de coup d’État par une partie de l'armée a priori kémaliste. C'est dans un contexte sécuritaire tendu que dans les rues d'Istanbul et d'Ankara les putschistes ont déployé des chars, des hélicoptères et même des avions volant à base altitude. Très rapidement le siège des services secrets turcs (MIT) à Ankara a été attaqué par un ou plusieurs hélicoptères ainsi que le parlement et le palais présidentiel où les gardes auraient été neutralisés. Le chef de l’État major a été pris en otage, la chaîne de télévision TRT World a été évacuée par les soldats ainsi que d'autres chaînes publiques. L'armée putschiste annonce avoir pris le pouvoir pour « faire respecter les droits de l'Homme », elle déclare la loi martiale et un couvre-feu, bloque internet ainsi que les aéroports internationaux et annonce qu'une nouvelle constitution est en cours de rédaction. Le gouvernement légitime turc suspecte le mouvement Gulen d'être les responsables du putsch mais le mouvement condamne la tentative de coup d’État. Le président turc demande l'asile politique à l'Allemagne qui refuse puis au Royaume-Uni. La situation dans le pays est extrêmement confuse et beaucoup d'informations sont contradictoires. C'est alors que le président Erdogan décide de prendre la parole via son téléphone sur la chaîne CNN Turk et demande à ses partisans de descendre dans la rue et d'empêcher le coup d’État dont il est victime sans tenir compte du couvre-feu. C'est alors que les partisans du président islamo-conservateur se lèvent en masse partout en Turquie et même en Europe notamment à Bruxelles, Paris, Strasbourg, etc. au cri de « Tekbir Allah Ekber » pour empêcher le coup d’État militaire. De manière étonnante nous trouvons une armée conciliante face à la foule.

Dans les grandes villes turques des chars de combat reculent face aux manifestants, certains en prennent même possession. L'armée, sauf sur le Bosphore, refuse de tirer sur la foule comme elle l'aurait fait en 1960, 1971 ou 1980. Obama donne finalement son soutien à son homologue turc tard dans la soirée. Plus le temps passait, plus les putschistes se rendaient et cela jusqu'au petit matin. Cependant cela ne suffisait pas aux partisans d'Erdogan. En effet, beaucoup de soldats ont été lynchés, certains sur le Bosphore on été jetés du pont et l'un d'entre eux a été égorgé.

Au total, les affrontements de la nuit ont fait 90 morts et 1154 blessés. 700 militaires se sont rendus, 29 colonels et 5 généraux ont été démis de leurs fonctions. L'échec du coup d’État militaire ressemble à un simulacre, il est présenté par Erdogan, qui est aux manettes du pays depuis 13 ans, et ses partisans comme une victoire de la démocratie. Mais malheureusement le seul vainqueur est Erdogan, qui consolide son pouvoir avec cette tentative de putsch. Le président turc va enfin pouvoir finir les purges qu'il avait commencé au sein de l'armée. La Turquie vit depuis quelques années un fort recul démocratique avec des attaques de son président et de son rêve autocratique. Le pays se retrouve au 151e rang mondial du classement de la liberté de la presse. Des journalistes sont régulièrement arrêtés, accusés de « propagande terroriste » pour avoir critiqué le sultan Erdogan. Mais ça ne s'arrête pas là, en mai 2016 les députés ont voté la levée de l'immunité parlementaire des cinquante-neuf députés du HDP. Avoir été choisi par la majorité ne peut expliquer le non-respect de la liberté de la presse, le non-respect des autres forces démocratiques, les persécutions des minorités religieuses, le nettoyage ethnique dans l'est du pays et le soutien à des organisations terroristes. Albert Camus disait « La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité. » Mais cette phrase est sans doute trop compliquée pour les partisans d'Erdogan dont les seuls mots qu'ils retiennent sont « Tekbir Allah Ekber »!

Le coup d’État aurait-il été préférable ? Non, en aucune façon. D'un côté nous avons Erdogan qui se veut seul maître en Turquie, islamisant la société de manière progressive en faisant reculer la laïcité, persécutant les minorités du pays, la presse et les intellectuels. De l'autre côté nous avons des putschistes kémalistes, qui sont les mêmes, sauf qu'ils sont garant de laïcité. Lors du putsch de 1980, ces kémalistes ont prouvé qu'ils étaient les ennemis du prolétariat. En effet, ils ont interdit les grèves, les syndicats et toutes les organisations politiques. La répression était également féroce dans les usines ainsi que dans les universités ou des groupes communistes révolutionnaires se développaient rapidement. La solution pour les peuples en Turquie ne peut venir d'Erdogan le sultan ou des putschistes. Mais bien du peuple qui se bat pour le peuple dans sa globalité avec une ferveur révolutionnaire.

 

Cem pour le MJCF 67

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