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Le blog des jeunes communistes du Bas-Rhin

Brexit : un coup salvateur porté à l'Union Européenne

 Brexit : un coup salvateur porté à l'Union Européenne

Hier matin, tonnerre médiatique. Alors que, la veille au soir encore, toute l'élite médiatique européenne, de BHL aux éditocrates, affirmait que le remain l'emporterait, tout ce joli petit monde s'est pris une belle gifle hier matin. Et c'est jubilatoire. C'est jubilatoire de voir que les eurobéats, qui prétendent penser à la place du peuple, soient secoués par le peuple britannique.

En revanche, en tant que communistes, on peut légitimement s'interroger : que va changer cette sortie de l'UE, portée par des conservateurs, pour les classes populaires du Royaume-Uni et de l'Europe ?

 

Le traitement médiatique et politique de l'événement : un moment révélateur de la nature bourgeoise de l'UE.

Avant d'analyser le Brexit plus en détail, il est intéressant de revenir sur la façon dont cet événement a été perçu et analysé par la classe médiatique et la classe politique.

Du côté des médias, rien de vraiment surprenant : derrière des articles prétendument objectifs, il s'agissait d'établir un amalgame fallacieux et révoltant. En effet, on a vu fleurir les articles et les « analyses » montrant que les partisans du Brexit n'avaient rien compris à l'UE, qui était un outil formidable. Dès lors, les eurosceptiques étaient amalgamés avec les nationalistes, assimilés à une idéologie rétrograde et réactionnaire. C'est un phénomène qui n'a rien de nouveau. Déjà en 2005 lors du vote contre le TCE, tous les amalgames avaient été faits par une caste médiatique qui sentait que la légitime colère du peuple allait se retourner contre elle : des gens authentiquement de gauche se sont vus taxés de nationalistes, de populistes ou de menteurs. Ces assertions, souvent pauvres en argumentation et riches en insultes infondées, ont été le seul son de cloche médiatique.

Si l'avant est intéressant, l'après l'est tout autant. Aujourd'hui, tous les médias ont souligné à quel point ce résultat du vote sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE était dangereux. D'après eux, seul un parti est favorable au Brexit : le Front National. Dès lors, tous les partisans français du brexit et, plus largement, tous les eurosceptiques d'Europe se retrouvent une fois de plus associés à des crapules réactionnaires qui ne représentent absolument pas les aspirations populaires. C'est aussi dans les médias que le caractère profondément dictatorial de l'UE s'est révélé : le 22 Juin, l'éditorialiste Jean Quatremer déclarait, à propos d'un éventuel Brexit : « Pour éviter l'effet de contagion, il faut que le départ soit douloureux. » Comme pour la Grèce, on voit que l'UE est une construction bourgeoise et autoritaire : il ne faut pas remettre ses diktats en cause, sous peine de se faire corriger comme il se doit.

Pour ce qui est de la classe politique, le fait marquant est que la campagne du Brexit a révélé une chose : l'Europe de la paix, ça marche ! En effet, tous les eurobéats du continent, de Jérémy Corbyn à Nicolas Sarkozy, ont mis leurs divergences de côté pour clamer à l'unisson leur amour de l'UE. Une Europe de la paix donc, mais de la paix entre les puissants pour faire la guerre aux exploités.

 

Un brexit xénophobe et ultralibéral, vraiment ?

Après la victoire du Brexit, un autre élément a été avancé pour discréditer ses partisans, au Royaumee-Uni et ailleurs : puisque le référendum est à l'initiative de Cameron, et que le Parti Conservateur a mené une campagne xénophobe et libérale, c'est que tous les partisans du Brexit sont xénophobes et libéraux. D'une vivacité intellectuelle aussi déprimante que la triste union technocratique qu'ils s'obstinent à défendre, les opposants au Brexit n'ont donc rien trouvé de mieux que la reductio ad hitlerium (procédé rhétorique consistant à taxer son adversaire de fasciste pour contourner tout débat).

Face à cela, pourtant, des arguments et des faits tangibles existent pour montrer qu'une frange non négligeable du peuple de gauche et des classes populaires s'est mobilisée en faveur du brexit. Certes, une part importante des électeurs qui ont opté pour le Out l'ont fait sur des bases xénophobes et libérales. Mais ce fait indéniable ne doit pas masquer qu'une partie toute aussi importante de la gauche s'est mobilisée pour une sortie de l'UE.D'une part, il faut rappeler que les Travaillistes et les syndicats étaient divisés sur la question. Si la direction du Labour, menée par le social-démocrate Jérémy Corbyn, a évidemment fait campagne pour le Remain, un réel débat a eu lieu, et plusieurs responsables locaux du Labour ont signé un appel de gauche en faveur du Brexit. De même, la question a divisé le monde syndical : certaines centrales ont appelé à se mobiliser contre le Brexit, d'autres non.

D'autre part, le Parti Communiste Britannique et son organisation ont fait campagne pour le Brexit. Plutôt que d'analyser la situation à leur place, mieux vaut les citer : leur communiqué suite aux résultats du référendum parle de lui-même. « Les résultats du référendum sont une claque pour la classe capitaliste britannique et ses alliés impérialistes de l'UE, des Etats-Unis et du FMI. » Pour les camarades britanniques, le Brexit n'est pas une fin en soi. Ils sont conscients que les suites politiques immédiates du Brexit seront faites de libéralisme et de conservatisme. Mais ils sont aussi honnêtes envers le peuple : si l'on veut construire une politique de progrès social, la sortie du carcan européen est un préalable indispensable.

En outre, la sociologie électorale du Brexit est intéressante, dans la mesure où les classes populaires ont majoritairement voté en faveur d'une sortie de l'UE. A Londres par exemple, ce sont les quartiers populaires de l'est où l'on enregistre les scores les plus hauts contre l'UE.

 

Un événement révélateur des contradictions de la gauche radicale

C'est ce positionnement qui devrait être adopté par l'ensemble des communistes européens. En effet, à l'occasion du référendum sur le brexit, la gauche radicale européenne a été mise face à ses propres contradictions.

Dans le traitement médiatique d'abord. Un manque de pluralisme s'est vu dans la presse communiste, dans l'Humanité notamment. Un débat sur le brexit y était organisé. Y participaient une responsable communiste française anti Brexit, une députée travailliste anti Brexit, et un intellectuel anti Brexit... Contre un seul pro Brexit. Drôle de vision du pluralisme, alors même que la question européenne est au cœur de nombreux débats à gauche actuellement.

Le plus inquiétant est surtout de voir les réactions des partis de gauche radicale à l'annonce des résultats : le PCF s'est inquiété de la montée de la xénophobie, en continuant à appeler de ses vœux une Europe sociale qui n'existera jamais ailleurs que dans son programme électoral. Ils ne veulent pas voir la nature de classe de l'UE : forte avec les faibles, faible avec les forts. D'où l'écrasement du gouvernement Tsipras. S'inquiéter d'une montée du libéralisme et de la xénophobie parce qu'un pays sort de l'UE est une ineptie. La Hongrie a-t-elle eu besoin de sortir de l'UE pour bâtir un mur contre les migrants et afficher son intention de ficher les Juifs ? La France a-t-elle eu besoin de sortir de l'UE pour lancer la loi Travail ? Au contraire, la Loi Travail est une émanation directe des institutions européennes !

 

En somme, voici les leçons à tirer du brexit. Il n'est qu'une étape, certes minime mais indispensable, pour mener une politique de rupture avec le capitalisme. Mais il doit amener les partis communistes des autres pays à mener un sérieux travail de réflexion sur ce qu'est l'UE pour envisager une sortie par la gauche de celle-ci. C'est à cette condition seulement que le FN reculera, et que les classes populaires reviendront dans le giron de la gauche communiste. 

 

Julien Rock pour l'UEC Strasbourg

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