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Le blog des jeunes communistes du Bas-Rhin

Pour la défense des rattrapages, contre la sélection à la fac

 Pour la défense des rattrapages, contre la sélection à la fac

Fidèle à sa réputation de récidiviste, le Ministère de l'éducation nationale a une fois de plus démontré son talent à rattraper un échec par un autre. En effet, le procès de 2013 contre l'université de Strasbourg pour la mise en application de la loi sur les droits des étudiants aux rattrapages ne sera plus qu'un lointain souvenir avec la nouvelle note ministérielle. Cette dernière en effet appelle les facultés françaises à expérimenter dès la rentrée 2016/2017 et pendant 3 ans un nouveau système d'évaluation, qui consisterait à renforcer l’évaluation continue intégrale (ECI) tout en supprimant la session de rattrapages, le système d'évaluation d’aujourd'hui étant perçu comme « hybride ».

 

L’évaluation continue intégrale et les arguments du Ministère

Ces mesures, établies loin de la réalité de la vie quotidienne des étudiants, renforcent une fois de plus l'inégalité des chances de réussir entre les étudiants de tous horizons et de tous profils. Cette nouvelle note ministérielle, dont les modalités d’applications restent encore floues à ce jour, oblige dès maintenant les Conseils d’UFR à organiser un vote d'application pour la rentrée 2016/2017. Le renforcement de l'évaluation continue intégrale implique de manière générale un minimum de 3 épreuves pour les UE majeures et de 2 épreuves pour les mineurs. A cela s'ajoute un équilibrage des coefficients des examens, ce qui supprime le concept de l'épreuve finale. Tous ces rajouts conduiront évidemment à une déconcentration du calendrier universitaire, et donc une année un peu plus longue. Cette expérimentation prévoit une « épreuve de substitution » pour les étudiants absents aux épreuves, et ce sous présentation d'un justificatif.

Les arguments avancés par le Ministère vont clairement dans une logique d'entrave à la réussite pour les étudiants ne bénéficiant pas d'une situation leur permettant de s'impliquer tout au long de l'année. Selon le Ministère, cette expérimentation conduirait à une meilleure implication des étudiants au cours de l'année, ainsi qu'à une économie sur les rattrapages, qui font l'objet d'un fort absentéisme et d'un taux de réussite relativement bas. Le but serait donc d’arriver à une augmentation du taux de réussite et à un plus grand nombre de compétences acquises.

Une fois de plus les coupes budgétaires dans l'ESR démontrent une logique de sélection qui ne va pas dans le sens du discours idéologique du Ministère : « Ouverture de l'enseignement supérieur au plus grand nombre et préparation au monde de demain », ainsi que « Réussite pour tous »1. Alors qu'au contraire, sous le prétexte de la revalorisation du diplôme, la seule réponse trouvée est la sélection.

 

Le droit à la réussite pour tous remis en cause

Cette « sélection naturelle » imposée par le Ministère découle d'une politique d’austérité présente depuis des nombreuses années dans l’enseignement supérieur. Sous excuse de gain de temps et d'argent, le Ministère entend supprimer le droit fondamental aux rattrapages, qu’auparavant permettait d'harmoniser les chances de réussite pour tous. Considérée comme bonus, la session de rattrapages est un outil de protection pour l'étudiant afin de réduire les inégalités d'application de l'ECI entre les différentes composantes, les différentes UE et les différents enseignants. De plus, c'est aussi un réel outil pédagogique qui permet d’apprendre de ses erreurs, et qui n'est pas incompatible avec l'accompagnement pédagogique que pourrait offrir l'ECI. Le problème de l’application de l'ECI est qu'elle remet en cause le droit à la réussite pour les étudiants qui pourraient se retrouver en situation de difficulté. En effet, les étudiants salariés, les étudants précaires, bénéficieront certes d'une épreuve de substitution, mais étant donnée l'impossibilité pour eux d'assister à toutes les épreuves au cours de l'année, ils se retrouveront face à une épreuve finale sans deuxième chance.

Beaucoup d'enseignants pourraient prétendre qu'un redoublement n'est pas une fatalité, cependant les conséquences financières, sociales et psychologiques sont bien réelles. Cette énergie investie dans la destruction de nos formations serait plus utile dans un combat contre les inégalités sociales qui sont, de manière directe ou indirecte, un des principaux frein à la réussite. Une fois n'est pas coutume de demander l'avis des personnes directement concernées, mais une fois de plus il semblerait que la note ministérielle sera approuvée par les Conseils d’UFR contre l'avis général des étudiants.

 

Les alternatives existent, le combat continue !

D'autres solutions pourraient être avancées afin de régler les problèmes que posent les rattrapages. L'absentéisme, que selon le Ministère coûterait trop d'argent, pourrait être réglé par des épreuves prenant différentes formes, telles que des oraux ou des dossiers. L'accompagnement pédagogique pourrait prendre d'autres formes comme la solidarité ou le tutorat. Aussi, il faudrait garantir l'invalidité des UE qui ne respectent pas l'ECI. La sécurité des étudiants devrait être garantie par la création de commissions d'accompagnement pour des rattrapages conditionnels, ainsi que par un accompagnement ciblé et une véritable analyse de chaque situation par le jury.

Face à l’atteinte portée contre le droit aux rattrapages, une mobilisation immédiate des étudiants est nécessaire. Nous ne sommes pas naïfs et nous resterons vigilants face à cette nouvelle mesure qui s’annonce depuis longtemps comme l’ennemie des étudiants des classes populaires.

Nous lançons l'alerte à tous les étudiants de faire barrage à cette nouvelle réglementation. Nous félicitons nos camarades élus aux Conseils d’UFR que, comme à la Faculté de Géographie de Strasbourg lors de la réunion de vendredi 17 juin, portent la voix des étudiants et défendent leurs exigences. Nous les encourageons à continuer le combat dans chaque UFR même après la mise en application de cette nouvelle mesure de sélection. Ensemble, nous pouvons faire reculer le Ministère !

 

Union des Etudiants Communistes de Strasbourg

 

1Site du ministère de l'enseignement supérieur : http://m.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid76975/la-strategie-nationale-de-l-enseignement-superieur-stranes.html

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